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Elémentaire, mais si peu désincarné. La quintessence du déshabillage réduit à sa plus simple expression. Bijou (en noir et blanc) ou Shahnoza (en couleurs) ne peuvent qu’être singulièrement très belles. La patte, c’est celle de Julian Opie, bien sûr.

Du miroir à la salle de bain, il n’y a qu’un pas… Que franchit Nobuyoshi Araki, mieux connu pour ses photographies de kinbaku. Quant à Marcel Mariën, en surréaliste orthodoxe, il s’interroge sur la sémiotique du robinet… Et si la premier de ces deux clichés se nomme « l’Oasis familier », le second porte un titre tout aussi si pas plus explicite : « la goulue ». La différence entre les deux tient sans doute à la température de l’eau.

Marcel Mariën, la lecture défendue, 1983

Marcel Marïen, le charme des malentendus, 1991

Elles sont toujours extrêmement émouvantes les photographies de Nan Goldin.
Peut-être plus encore lorsque la photographe braque son objectif sur le corps aimé. C’est l’essence même de l’intimité.
Jawalowe, son amant égyptien. Et deux cactus. 2003
Deux cactus ? ou deux figues ?

Takashi Murakami, ou le néo-pop nippon, entre imageries kawaii et manga. « My Lonesone cowboy » est un ado qui semble tout droit sorti d’une série de Dragon Ball Z; il brandit une salve de sperme jaillissant de son sexe comme un lasso. Pouvoir magique de l’univers des mangas ou « Je suis seul ce soir » et je feuillette quelques mangas ?

Dripping : Le terme provient de la gastronomie. Le dripping, c’est la graisse de rôti, mais aussi l’égouttage, le dégoulinage.
En arts plastiques (incluant les arts décoratifs), le dripping est une technique consistant à tremper un ustensile (très accessoirement un pinceau) dans la peinture et à le laisser goutter ensuite sur la toile.
Philippe Meste éjacule sur des beautés glacées pour en faire de dérangeantes « aquarelles ». Les taches de sperme aux formes esthétiques souillent (exaltent ?) des top models qui posent pour des marques de prestige. « La lubricité est dans l’œil du regardant, dit-il, le plaisir dans celui de l’artiste ».

Philippe Meste, aquarelles, 1995

fulgurance, cosmique
Untitled VII (Ejaculate in Trajectory),cybachrome, par Andres Serrano.

abstraction, tellurique
Frozen Sperm I, cybachrome, par Andres Serrano

Faut-il vous faire un dessin sur l’utilité de cette escarpolette imaginée par Francis Hybert ? Je vous laisse imaginer les bienfaits d’un balancement bien mesuré.On se rappelera pour l’occasion cette scène de genre de Jean-Honoré Fragonard, « Les hasards heureux de l’escarpolette », fantasme d’un commanditaire libidineux (M. de Saint-Julien, receveur général des biens du clergé) qui donna à l’artiste des conseils de mise en scène : « Je désirerais que vous peignissiez Madame sur une escarpolette qu’un évêque mettrait en branle. Vous me placerez de façon, moi, que je sois à portée de voir les jambes de cette belle enfant et mieux même, si vous voulez égayer votre tableau. » C’est leste; et cela vaut mieux sur une escarpolette. Le mouvement de la balancelle, actionnée dans l’ombre par un jeune abbé, est d’une telle amplitude que la robe de la jeune personne découvre son entre jambes. C’est l’abbé qui… tire les ficelles, tandis que la demoiselle en perd son escarpin. Même la nature est électrique. nous suivons le balancement comme une suite d’avancées et de retraits, de va et viens, bref, ces paliers de désir qui se transformeront en mouvements de plaisirs…

Amusant de noter que dans la tradition hindoue et la Légende de Krishna. La balançoire y est le symbole du ravissement et du désir suprêmes : les flottements de l’âme ne sauraient trouver d’expression plus éloquente. Dans le culte de Krishna, l’escarpolette est le symbole des extases de l’amour mystique, en même temps que l’accessoire obligé des cérémonies et des fêtes rituelles.

Prolixe série que cette 347 que Pablo Picasso réalise à Mougins à l’automne de sa vie. L’octogénaire est très en verve et s’empare lui-aussi du couple célèbre constitué par Raphäel et la Fornarina. Picasso nous montre un Raphaël très… actif, qui délaisse plus souvent qu’à son tour le chevalet pour rejoindre sa maîtresse nue sur le sofa. On ne sait plus si Raphaël peint son modèle ou peint sur son modèle. Et ils sont loin d’être seuls les coquins. Voilà Piero Crommelinck, le doucier de Picasso qui rentre dans la pièce, Michel Ange qui se cache sous le lit, un voyeur caché derrière la tenture et le pape lui-même qui vient assister aux ébats et débats de la peinture.


Raphael et la Fornarina XXII: Michel-Ange Sous le Lit: Entre Piero Crommelynk, Serie 347, 8 Septembre, 1968, Mougins
Raphael et la Fornarina II: Avec un Voyeur Cache
Raphael et la Fornarina VII: Le Pape est la Assis

Il est aussi célèbre, ce téton, que le sourire de la Joconde. Tableau que l’on retrouvera caché derrière des volets clos dans l’atelier en 1520. Ce sein, c’est bien sûr celui de La Fornarina, la boulangère, modèle, amante et maîtresse de Raphaël. C’est son nom d’ailleurs gravé sur le bracelet qui enserre le bras du modèle, comme une marque d’appartenance… Là ce n’est pas une Vierge que Raphaël dépeint, mais une femme aimée, regard pudiquement détourné et portant une perle dans la chevelure, signe conventionnel du sentiment amoureux.
On la trouvera vulgaire. Epuisa-t-elle le peintre ? Vasari, leur contemporain, affirmera que Raphaël, mort assez jeune, à l’âge de 37 ans, avait été victime « d’un abus des plaisirs ». On dit aussi que le banquier Agostino Chigi, richissime commanditaire de Raphaël, lui enlevait fréquemment la Fornarina afin que Raphaël puisse achever sereinement ses travaux. Ben voyons.
Le modèle ou sa relation avec le peintre en fera fantasmer plus d’un, de l’activité créatrice à l’activité érotique… Ingres et Degas, ou plus récemment Joël Peter Wikin pour ne citer que ceux-ci.

 

Ah, c’est qu’elle fit couler de l’encre cette image, dès lors qu’au début des années 90, Oliviero Toscani l’installa, bilboard monumental, face au dôme de Milan. La Curie romaine la fit enlever illico presto. C’est vrai qu’elle n’est du tout convenable, du tout du tout. Un vrai baiser de cinéma; une jeune nonne belle à damner tous les seins du paradis, tenue en haleine du bout des lèvres par ce jeune prêtre qui préfère la feutrine du chapeau rond à la barette à ponpon de don Camillo. On l’imagine en fine dentelle sous la robe, cette jolie nonette. Et pour ma part, je suis disposé à confesser ma concupiscence.
A l’époque, Oliviero Toscani, dont les images sont aujourd’hui au musée, criait haut et fort sa liberté d’expression, même par rapport à Luciano Benetton, commanditaire de ces désormais célèbres campagnes de pub. « Luciano, déclarait Toscani, c’est un mécène. C’est mon Jules II à moi ».
Il est vrai que Jules II, pape mécène, laissa Michel Ange exalter de la plus belle manière qui soit la beauté du corps masculin, une homosexualité aussi magnifiée qu’évidente, le nu cachant la Faute au plafond de la Sixtine.

de la série instruisons-nous : Jeune con dans une attitude des conjonctures de Vénus.

Lequeu, Jean Jacques (1757-1826). Jeune con dans une attitude des conjonctures de Vénus. [Entre 1779 et 1795].

« A.Motte ; partie de choix qui doit être couverte d’un poil noir et long, de vers le nombril jusqu’au coccis, bien ombragé ; et qui à force d’attouchements lascifs ; à force de frotter avec l’index, les femmes jouissent ainsi que nous ». « A.clitoris ». « Conin ».

Voilà qui est rassurant.

de la série instruisons-nous (postures lubriques de Vénus et Bacchus)

Jean-Jacques Lequeu, fonctionnaire du cadastre, architecte visionnaire et révolutionnaire, au goût de l’insolite fort développé et qui ne dédaignait pas de se représenter travesti, construisit fort peu mais laisse une oeuvre graphique considérable. Le sexe fait indubitablement partie de ses préoccupations.
Et les légendes de ses dessins valent leur pesant d’or.

Lequeu, Jean Jacques (1757-1826). « L’infame Vénus couchée. Posture lubrique d’après nature ». [Entre 1779 et 1795]. Lequeu de commenter : « son visage est en feu », « tétons ronds et séparés, très blancs,ou… », « tétons rondelets et durs », « cuisse grasse », « le poil crépu », le con relevé », « les parties ouvertes du désir ardent ».

Lequeu, Jean Jacques (1757-1826). « Posture lubrique de Bacchus ».
Et pour commentaires , de haut en bas et de gauche à droite : « Ventre », « Le prépuce remonté et coupé aux circoncis », « Le dieu Priape, le membre droit et épouvantable, dans l’action à faire son office », « testicules », « la verge longue et quarrée (sic), ou le vit bandant, c’est-à-dire, grossi et allongé dans l’action du coït »

Dans la série : « Erotiquement, j’ai toujours eu un faible pour les escaliers »

Bien sûr, l’escalier, marche après contre marche, c’est bien. Mais il y a aussi l’ascenseur. On n’arrête pas le progrès.
En ce cas, si l’amant est dans le placard, l’ascenseur mène au septième ciel.

Marcel Marïen, l’invention de l’ascenseur, photographie argentique, 1985

Dans la série : « Erotiquement, j’ai toujours eu un faible pour les escaliers »

Dans l’escalier, les agresseurs ne sont, une fois de plus, que l’instrument de l’exposition de Roberte. Serions nous comme Octave ou Pierre Klossowski lui-même contemplatifs du péché? Roberte, ce soir.

Pierre Klossowski, Roberte et les collégiens V (vision du Professeur Octave), 1974

Dans la série : « Erotiquement, j’ai toujours eu un faible pour les escaliers »

Ema aussi descendit l’escalier. Il aima, bien sûr.

Gerhard Richter, Ema nue dans l’escalier, huile sur toile, 200 x 130, 1966

Parfois, nue, elle remonte l’escalier. Ici, sans doute la Mariée, celle mise à nu par ses célibataires, même. Emoi derrière.

Jacques Charlier, « Rrose Melody », 1976

Erotiquement, j’ai toujours eu un faible pour les escaliers.

Fort joli texte trouvé ici, à propos du « Nu descendant un Escalier No.2, 1912 » de Marcel Duchamp.

Elle a descendu l’escalier. Nue. Entièrement nue. En le découvrant, assis dans le fauteuil en osier, elle a hésité sur les marches. Il l’a suivie des yeux, elle dont il connaissait le corps du bout des doigts, à tâtons dans le noir. Il l’a examinée comme un cadeau insolite, un objet qui aurait soudain pris vie.

Il a murmuré : « J’allais partir ». Elle a enfilé un long gilet qui traînait sur le canapé. Dans la cuisine, elle a préparé du café. Il est venu derrière elle. Il a passé les bras autour de sa taille et l’a renversée sur la table bancale. Elle a gémi : « Non… Non… » tout en lui mangeant la figure de baisers sonores. L’eau gargouillait dans la casserole. La table cognait contre le mur. Le pantalon sur les chevilles, il écoutait ces bruits qui l’amusaient.

Elle était riche et libre, un peu plus âgée que lui. Au fond, il ne savait pas grand chose d’elle. Dans une soirée chez des amis communs, elle lui avait confié le vif intérêt qu’elle éprouvait pour ses créations. Par la suite, il avait compris qu’il n’était pas le seul artiste capable d’éveiller en elle, une tendre curiosité. Il appréciait cependant sa qualité d’écoute, ses yeux clairs et intelligents, ses sourires énigmatiques. Elle posait des questions auxquelles personne ne songeait, lui le premier. Il les évitait d’une pirouette mais en la quittant, il y repensait. Elle l’aidait à progresser sans jamais lui donner de conseils.

Cette image d’elle, nue dans l’escalier, lui avait trotté dans la tête pendant plusieurs jours. Il détaillait mentalement chacun de ses mouvements, les décomposait en un film au ralenti, scintillant sur une toile blanche. Il avait fini par peindre ces quelques secondes en s’efforçant de les épurer, de leur ôter tout sentimentalisme pour ne garder que cet enchaînement de pas vers le bas. Sous son pinceau, l’amante était devenue un mannequin en bois qu’il pouvait tordre dans toutes les positions en faisant craquer ses jointures métalliques.

Il avait dû retirer ce tableau du Salon des Indépendants. Blessé, il s’était dit que les Cubistes manquaient d’humour, trop englués dans leurs théories sur l’art. Deux ans plus tard, la toile était exposée aux Etats-Unis et son auteur connaissait la gloire au moment où la peinture cessait de l’intéresser. Il préférait expérimenter de nouvelles voies, jouer avec une roue de bicyclette, un tabouret, une plaque de verre ou du fil à coudre. Il bricolait ses inventions bizarres entre deux parties d’échecs quand il ne noircissait pas ses carnets de schémas tarabiscotés ou de petits mots exquis.

Elle l’avait invité à dîner, la veille de son départ pour l’Amérique. Les lumières allumées, ils s’étaient aimés sur le tapis du salon, les marches de l’escalier, la descente de lit et dans la baignoire profonde. Elle le contemplait, les yeux chavirés. Elle chuchotait : « Reste encore, reste… » Désarmé, il s’obligeait à penser qu’elle l’oublierait vite. Au petit matin, elle lui avait mangé la figure de baisers, pour la dernière fois.

Bien sûr, d’autres amants s’étaient succédés dans le fauteuil en osier mais nul ne savait la regarder comme le jeune homme pensif photographié par Man Ray.

Commentaire d’un philosophe lacanien à propos des fellations radiographiées de Wim Delvoye : « Ces images aux rayons X, à classer au rayon des images X, ont une force de vérité extrême. Mais pas là où on croit, où on voit, Montrant un baiser ou une fellation, elles sont à voir, bien sûr, comme toute image. Mais d’une part ces images montrent ce qu’on ne voit pas à l’oeil nu, l’intérieur des corps en activité. Et, d’autre part, elles montrent un truc qu’on ne voit pas : comment ça marche. Enfin, elles montrent qu’on ne le voit pa. Et qu’il est normal qu’on ne le voie pas. On peut photographier le fonctionnement intime des organes sexuels, mobiliser pour cela la science et les techniques les plus sophistiquées, cela ne ne risque pas de livrer le secret du sexe (…) la recherche de la transparence du corps est un fantasme, parce quil y a quelque chose qu’on ne pourra jamais voir, jamais savoir, et donc jamais maîtriser: le rapport sexuel. Vous pouvez radiographier le corps, autopsier le corps, le rendre aussi transparent que vous voudrez, vous ne verrez jamais le secret du rapport sexuel. Voilà ce qui au bout du compte résiste définitivement à la volonté du maître que « ça marche ». Le savoir expert se cassant les dents sur le rapport sexuel, ce pourrait être le titre de la série des images de Wim Delvoye. » La question intéressait déjà Léonard de Vinci. Sa planche anatomique est célèbre.

Devant le rapt de Proserpine du Bernin
– Elle m’a toujours un peu stressée
– Qui chérie ? Proserpine ?
– Mais non, chéri, la sculpture. Elle a quelque chose d’inquiétant.
– Chérie, il est juste très décidé le bougre. Tu imagines bien qu’il ne n’emmène pas faire la vaisselle.
– Bien sûr, mais bon, il y a la manière, non ? Elle n’a pas l’air d’apprécier.
– Oh moi, si j’empoigne ta fesse ainsi, ça veut tout dire.
– …
– Tu te souviens de la Proserpine de Versailles ? Celle de Charles Lebrun.
– Oui oui, dans le bosquet de la colonnade.
– Elle est moins convaincue, non ? Avec ses bras en arceaux, elle à des manières de sainte nitouche. Ou alors, c’est une joueuse de basket, face au panier… J’ai pas dit qu’elle mettait la main au panier, hein.
– On dirait que Pluton enlève une danseuse.
– Oui oui, elle a de la grâce… Remarque, c’est bien, ici elle a une copine. Et sur le socle, le type a garé son char.

Charles Le Brun, le rapt de Proserpine, vers 1677-1699

Biennale de Venise 1991, l’Arsenal déjà transformé en loveland. Jeff Koons y installe ce qu’on pourrait nommer un porn cataphalque et se représente baisant sa future jeune épouse, Llona Staller, mieux connue sous le nom de Cicciolina, dans toutes les positions et en tous médias. Kitsch harcore dans la section Aperto, la bien nommée. Et lui aussi évoquait le paradis : ce cycles de sculptures, peintures et photoraphies porte le doux nom de « made in haeven ». Comme quoi, les Coréens ne sont pas en avance. Quant à Jeff, dirty on top, il dira plus tard : « Je n’ai pourtant jamais voulu être choquant. Mon intention était seulement de créer une oeuvre dans la tradition de Boucher et de Fragonard ». Oui Oui.

avertissement

D'accord, ce blog investit le champ artistique... Néanmoins, certains billets pourraient être fort explicites suivant les tribulations de l'auteur. Vous voilà prévenus.

point de vue

il n'y a pas d'art érotique. Il n'y a que l'art. Il peut bien sûr être érotique. Question de point de vue... sur l'art.
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