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Tant qu’à aborder la plastique du corps à corps, évoquons plutôt l’avant, l’enlèvement, l’étreinte avant l’étreinte… Gian Lorenzo a vingt trois ans quand il pose la main sur la cuisse de la belle Proserpine, où du moins quand son burin effleurera le marbre blanc comme peau laiteuse. Sont-ce les doigts de Pluton qui s’enfoncent et serrent la chair délicate et charnue des cuisses et de la taille de la jeune déesse? Ne serait-ce pas plutôt ceux du jeune et fougueux sculpteur ? Il a dû la caresser encore et encore cette femme de marbre, pour la rendre si irrésistiblement charnelle.
Non, non, ne parlons pas de rapt, parlons de ravissement.
Tandis que, dans ce bois joue Proserpine, qu’elle y cueille des
violettes ou des lis blancs, tandis que, avec tout le zèle d’une jeune fille, elle en emplit des corbeilles et les plis de sa robe, qu’elle s’efforce de l’emporter sur ses compagnes dans sa cueillette, presque en un même elle fut aperçue, aimée et enlevée par Pluton; telle est la promptitude de l’amour. la déesse, effrayée, appelle avec des cris désespérés sa mères et ses compagnes, mais plus souvent sa mère, et comme elle avait déchiré sa robe depuis le col, les fleurs cueillies tombèrent de sa tunique dénouée. Et, si grande était l’ingénuité de ses années enfantines, que cette perte aussi chagrina son âme virginale. Le ravisseur pousse son char, excite ses chevaux qu’il interpelle chacun par son nom; sur leurs cous et leurs crinières, il secoue les rênes teintes de sombre rouille.
Ovide, Les Métamorphoses
Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin, Le Rapt de Proserpine, 1622
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